Confessions d'un prétendu dompteur de montres

On dit que la meilleure définition d'un consultant est celle d'une personne qui vous demande des honoraires importants, puis qui prend votre montre pour vous dire l'heure qu'il est. Après trois décennies passées dans l'industrie de l'horlogerie et de la joaillerie de luxe, j'ai appris que, parfois, l'information la plus précieuse est celle qui permet de comprendre non seulement l'heure qu'il est, mais aussi pourquoi ce garde-temps particulier a de l'importance et s'il vaut vraiment ce que vous avez payé pour lui.

Je m'appelle Liam Devine et j'ai passé la majeure partie de ma carrière à parcourir le monde raréfié du luxe, à essayer de comprendre une industrie où un mouvement mécanique peut coûter plus cher que la maison de la plupart des gens et où la différence entre "investissement de qualité" et "erreur coûteuse" se résume souvent à des nuances qui échappent même aux collectionneurs chevronnés.

Mon parcours a commencé de manière quelque peu accidentelle au début des années 1990, fraîchement sorti de l'université avec un diplôme de sciences politiques et une vague idée que je pourrais faire quelque chose de sensé dans une grande multinationale suisse. Au lieu de cela, j'ai été attiré par l'écosystème particulier de l'horlogerie suisse (ce qui n'est pas si surprenant pour un Suisse accidentel), où j'ai découvert que vendre des rêves enveloppés dans des métaux précieux exige un curieux mélange de connaissances techniques, de perspicacité psychologique et de capacité à garder son sérieux lorsqu'il s'agit d'expliquer pourquoi les complications valent des sommes à six chiffres.

Au fil des ans, j'ai eu le privilège (et parfois la malchance) de travailler avec certaines des marques les plus emblématiques de l'industrie. J'ai contribué à réinventer des noms vénérables comme Universal Genève, à lancer des nouveaux venus audacieux comme de GRISOGONO, et j'ai même survécu au changement de nom du salon de l'horlogerie et de la bijouterie de Bâle en BASELWORLD pendant la crise du SRAS en 2003 (un cours magistral de gestion de crise auquel aucune école de commerce n'aurait pu me préparer).

Ce qui me frappe le plus dans cette industrie, ce sont ses magnifiques contradictions. Nous célébrons l'ingéniosité mécanique à l'ère du chronométrage atomique. Nous respectons la tradition tout en innovant constamment. Nous servons des clients pour qui une montre coûtant le prix d'une voiture de luxe est considérée comme une "pièce d'entrée de gamme", alors que nous sommes les gardiens d'un savoir-faire qui nous relie à des siècles d'art humain.

Dans le cadre de mes fonctions de PDG de diverses maisons horlogères et de la création de la marque de luxe QUINTESSENTIALLY en Europe centrale et orientale, j'ai appris que le véritable luxe n'est pas une question de prix, mais d'authenticité, d'artisanat et d'histoires qui donnent un sens à l'objet. Qu'il s'agisse de comprendre pourquoi une référence particulière de Patek Philippe est vendue aux enchères ou de décoder les signaux subtils qui distinguent la passion authentique d'un collectionneur de l'opportunisme d'un investisseur, cette industrie a été pour moi une éducation involontaire à la nature humaine.

Aujourd'hui, lorsque je n'écris pas sur les affaires internationales ou que je ne contemple pas les subtilités du commentaire politique (mon orientation actuelle à l'ère de la pandémie), je suis de plus en plus attiré par le partage de ce que j'ai appris sur la façon de naviguer sur le marché du luxe. Non pas en tant que personne essayant de vous vendre la prochaine pièce "indispensable", mais en tant que personne ayant vu suffisamment de cycles de marché, de désastres de collection et de découvertes inattendues pour offrir une perspective sur ce qui compte vraiment.

Mes racines écossaises ont probablement contribué à ce regard sceptique - nous ne sommes pas facilement impressionnés par le marketing tape-à-l'œil ou les histoires de provenance exagérées. Ayant passé des années au service de clients très fortunés, j'ai appris que les collectionneurs les plus avertis préfèrent les conseils honnêtes aux arguments de vente, et que les meilleures expériences en matière de luxe viennent de la compréhension, et pas seulement de l'acquisition.

Que vous soyez un collectionneur chevronné s'interrogeant sur les tendances du marché, un nouveau venu essayant de distinguer la substance du battage médiatique ou simplement quelqu'un curieux de savoir pourquoi les gens développent des relations aussi passionnées avec des objets mécaniques, j'espère vous offrir des perspectives acquises au fil de décennies de triomphes et d'erreurs de calcul spectaculaires dans ce monde fascinant et sans fin.

Après tout, dans une industrie fondée sur la précision, la chose la plus précieuse est parfois de savoir quelle heure il est vraiment.